US Open 2025 : bienvenue en enfer à Oakmont
L’US Open revient cette année pour sa 125e édition. Pour l’occasion, l’USGA a décidé de frapper fort : retour à Oakmont Country Club, le parcours le plus redouté du circuit professionnel. Ce choix n’est pas anodin. Loin d’être un simple terrain de golf, Oakmont est une épreuve, un test, une mise à l’épreuve de tout ce que représente le golf : précision, stratégie, patience et surtout... résistance mentale.
Un tournoi à part
L’US Open, c’est 156 joueurs au départ. Certains sont directement exemptés grâce à leurs performances passées : vainqueurs récents de Majeurs, membres du top 50 mondial, meilleurs joueurs du PGA et du circuit européen, ou encore les 15 premiers de l’édition précédente. Les autres doivent passer par un processus de qualification en deux étapes, avec une finale à 36 trous où seule l’élite se hisse jusqu’au tableau final.
La compétition attire également des amateurs, cette année au nombre de 15, dont le benjamin, Mason Howell (17 ans), qui a impressionné en qualifications. Parmi eux, des profils atypiques, comme Matt Vogt, dentiste de 34 ans. Une donnée statistique intéressante : lors de 16 des 17 dernières éditions, au moins un amateur a franchi le cut.
Oakmont : le monstre en Pennsylvanie
C’est la dixième fois que l’US Open se tient à Oakmont. Aucun autre parcours n’a été choisi aussi souvent. Cela s’explique facilement : il n’existe pas d’endroit plus impitoyable pour tester les meilleurs golfeurs de la planète. Oakmont, c’est 168 bunkers, des roughs de plus de 15 cm et des greens aussi rapides que les vitres d’un salon. La vitesse des greens dépasse 14,5 au Stimpmeter, ce qui est pratiquement injouable sans une maîtrise absolue du putting.
Parmi les trous les plus redoutables, le par 4 d’ouverture (trou n°1) a affiché une moyenne de 4,45 lors de la dernière édition en 2016. Mais c’est surtout le par 3 n°8 qui retient l’attention : avec 289 yards officiels, il devient le par 3 le plus long de l’histoire de l’US Open. À l’entraînement, Bryson DeChambeau l’a joué à 292 yards, bois 3 en main, et a dû se contenter d’un par sauvé de justesse.
« Ce n’est pas Winged Foot ici »
Bryson DeChambeau, tenant du titre, l’a dit sans détour : «Oakmont, c’est le parcours de golf le plus difficile du monde. » Pourtant, fidèle à son style agressif, il compte bien « jouer aussi audacieusement que possible». Mais même lui sait que ce parcours ne peut pas être brutalisé. « Ce n’est pas comme si chaque trou était un trou de Winged Foot, ici. On ne peut pas simplement frapper fort à chaque trou, passer par-dessus les bunkers et déposer un coup de wedge à l’avant du green. C’est possible sur beaucoup de trous, mais pas sur tous », a-t-il confié.
Bryson reconnaît que tout dépendra du vent, de la fermeté des greens, et des emplacements de drapeaux. « C’est très stratégique », insiste-t-il. Il faudra donc être sélectif dans les risques, et s’adapter trou après trou.
Rahmbo, le retour du Basque
Jon Rahm, vainqueur de l’US Open 2021, est un autre sérieux prétendant. S’il a quitté le PGA Tour pour le LIV Golf, et qu’il reconnaît que ses top 10 sur ce circuit fermé sont à relativiser, le Basque reste lucide, concentré, et surtout motivé.
« Je joue bien ces derniers temps. Je n’ai pas gagné depuis septembre 2024, mais j’ai retrouvé de bonnes sensations », affirme-t-il. Rahm connaît Oakmont : il y avait terminé meilleur amateur en 2016, et garde en mémoire un parcours à l’ambiance « old school, iconique ». Mais il prévient : « Le rough est une loterie. Vous pouvez manquer le fairway d’un mètre et devoir avancer de 20 mètres. Parfois vous pouvez jouer un fer 8, parfois vous devez juste sortir la balle. »
Il poursuit : « L’US Open, et Oakmont en particulier, c’est avant tout un test mental. Il faut accepter que les bogeys arriveront et garder la bonne attitude. »
Les grands favoris
En plus de Rahm et DeChambeau tenant du titre, plusieurs noms sont attendus aux avant-postes :
Scottie Scheffler, n°1 mondial et ultra constant. Sa cote de 3/1 est la plus basse depuis Tiger Woods en 2009.
Xander Schauffele, qui adore l’US Open : 8 participations, 7 top 10, 3 top 5.
Rory McIlroy, le numéro 2 mondial soulagé depuis sa victoire à Augusta.
Collin Morikawa, dont la précision avec les fers est redoutable.
Dustin Johnson, vainqueur à Oakmont en 2016, pourrait aussi revenir briller sur ses terres, bien qu’il n’y ait plus rejoué depuis cette victoire.
Et comme toujours, l’US Open laisse une place à l’imprévisible : un jeune, un revenant, un joueur méconnu capable de tenir la distance...
La carte mentale avant tout
Ted Scott, caddie de Scheffler, le dit lui-même : les jours de préparation sont les plus durs. « Scottie veut tout comprendre, tout analyser. Une fois le tournoi commencé, c’est presque plus facile. » Cela montre bien que l’US Open se prépare dans les moindres détails, et que la gestion stratégique est aussi cruciale que le swing lui-même.
À quoi s’attendre en 2025 ?
Tous les éléments sont réunis pour une édition légendaire : un parcours redoutable, des conditions potentiellement sèches, des greens rapides, et une génération de joueurs affûtée. Jon Rahm le dit clairement : « Si le parcours s’affermit et qu’il ne pleut pas, le vainqueur pourrait jouer au-dessus du par. » Cela ne s’est plus vu depuis 2018.
Et dans un US Open, cela rend la victoire encore plus belle.